
Face à la moto dépiautée s’imposent un certain nombre de critères et de contraintes à respecter. Le but n’est pas de faire une machine de circuit, mais vraiment un cafe-racer basique. Donc il faut viser l’allègement et l’amélioration de l’aspect esthétique (une nécessité particulièrement impérieuse dans ce cas-ci, vu la laideur de l’objet), et enfin essayer d’optimaliser la carburation en fonction d’un système d’échappement moins tuberculeux. Les fonds sont limités et l’équipement de même. Je ne possède ni fraiseuse ni poste à souder ; il s’agit donc de privilégier les solutions low-tech, avec un usage abondant de l’aluminium et en réservant la soudure pour les grandes occasions. Et tout doit se faire sans sortir le moteur du cadre.



Première phase du chantier : déplacer l’équipement électrique. Les composants situés sous les caches latéraux doivent aller se cacher sous la selle pour dégager le cadre, et la batterie est priée de descendre au rez-de-chaussée. Il va donc falloir fabriquer un support pour porter les composants électriques : une simple feuille d’alu, fixée là où se trouvent l’attache du réservoir et celles du garde-boue arrière, et recouverte d’une feuille de caoutchouc de part et d’autre pour isoler des vibrations ; boîte à fusible doit rester aisément accessible. Comme je suis aussi versé en électricité qu’en littérature persane du XIIe siècle, je veux couper un minimum de fils, et remuer les spaghetti le moins possible; chemin faisant, je remarque quelques connexions foireuses, évidemment des pannes en préparation. Ranger tout ce fourbi dans l’espace disponible se révèle ardu, mais ça finit par se caser. Reste que ma source de stress principale concerne ce qui va se passer quand je vais remettre le contact. S’il y a panne électrique, ça va être une chienlit absolue.


Ensuite il faut bien sûr couper les pattes de fixation devenues inutiles et qui gâchent le paysage, puis mastiquer et repeindre le cadre à la bombe là où il faut.
Enter the angle-grinder ! Attaquer un cadre à la disqueuse, quand on ne l'a jamais fait, ça intimide . . . Glps.



Etape suivante : la fabrication d’un boîtier pour la batterie. Cela peut s’acheter en Germanie pour la modique somme de 150 € ; moi je me le suis fait pour une trentaine d’€ à tout casser (en espérant que ce ne soit qu’une façon de parler). D’abord, bien prendre les mesures. Ensuite utiliser des plaques et des cornières boulonnées. Le problème est qu’il faut un couvercle amovible. A cette fin, je mets des boulons insérés dans des encoches pratiquées dans les plaques et noyées dans du métal synthétique. Je compte sérieusement faire breveter le résultat sous l’appellation « modèle Fort Knox ».

Le placement du boîtier pose quelques difficultés, car en prenant les mesures je n’avais pas bien tenu compte d’une partie rebondie du carter, au niveau de la boîte. Finalement ça passe tout juste, après avoir ovalisé les trous des fixations principales. Je colle des feuilles de caoutchouc à l’intérieur du boîtier ; la batterie passe tout juste, sans devoir tomber la roue arrière. Ouf, une bonne chose de faite. Dans la foulée, je vire la centrale et coupe ses pattes de fixation (je sais, c’est très mal, mais j’avais pas envie de retirer le goujon sous le moteur, ne sachant trop ce qui pourrait en résulter).


Un ami me fait cadeau d’une paire de Bracelets en alu massif, provenant d’une ancienne GSXR. Un peu crades en surface, et munis d’un œilleton inutile, mais il suffit de disquer, poncer et polir et ils sont nickel.

Je choisis de les monter au-dessus du T supérieur. Les canons de la fourche doivent être remontés dans les tés, car la moto a d’origine un avant trop relevé pour un cafe-racer. En même temps, je veux éviter de me retrouver dans une position trop basse. Fred m’a aidé pour le démontage de la fourche. Moi je ne l’avais jamais fait et j’osais pas trop, lui il suffit qu’il la regarde fixement pour qu’elle se mette à se démonter toute seule ; idem pour le remontage après polissage des fourreaux et des tés.
On croit déceler une nuance de méchanceté dans son regard. mais ce n'est que l'expression d'une extrême détermination. Qui va se révéler payante, d'ailleurs.
Peut-être aussi la fierté toute légitime d'avoir remporté une première bataille, celle du démontage.


Efficace, le Fredo. J’en profite pour mettre une couche de noir mat sur les disques des freins avant, dont la partie centrale était tout rouillée.
Le pare-chute, provenant d'une Le Mans III ou IV, ne se monte pas tel quel, il faudra ruser un peu. Acheté vraiment pas cher chez Ital Motos(B).

Le cadre repeint après masticage. C'est djà aut' choz, nan ?

